Il faut remunicipaliser l'eau !

« L'eau est indispensable à la vie et à la santé. Le droit de l'être humain à l'eau est donc fondamental pour qu'il puisse vivre une vie saine et digne. C'est la condition de la réalisation de tous ses autres droits. » (déclaration du 27 novembre 2002 du Comité des Nations unies pour les droits économiques sociaux et culturels)

     L'eau patrimoine de l'humanité, placée sous la responsabilité des communes depuis la Révolution Française, doit rester un droit accessible à tous. L'expérience montre qu'elle ne peut être gérée convenablement selon les règles du marché. Dans l’Orne, 80% de l’eau est distribuée par des sociétés privées. La gestion politique de ce bien commun est ainsi abandonnée aux lois du marché.

     La fin du contrat est une opportunité à saisir, le moment d’une décision politique courageuse et importante pour l’avenir de la commune et, au-delà, pour la société toute entière. Certes, les pollutions modernes, les règlements sans cesse plus complexes et les exigences des consommateurs augmentent la technicité de la production et du traitement de l’eau, mais rien n’interdit aux communes et à leurs groupement de créer des services publics compétents, désintéressés et moins coûteux pour les usagers.

     Il faut savoir que c'est la communauté Urbaine d'Alençon (CUA) qui a le pouvoir de renouveler ou non ce contrat. Par ailleurs, ce contrat est un contrat d'affermage, où la collectivité décide, finance et réalise les ouvrages et équipements et leur renouvellement, l’entreprise (le fermier) exploitant le service qui comprend une part de renouvellement des équipements tels que les pompes par exemple.

     Ce type de contrat est très avantageux pour l'entreprise qui en bénéficie car elle engrange les recettes et ne supporte pas les frais d'infrastructures (les plus coûteux). La collectivité délégataire assure les investissements, le fermier (la lyonnaise des eaux) supporte les frais d'exploitation et d'entretien courant. Il se rémunère directement auprès de l'usager par un prix convenu à l'avance dans le contrat d'affermage, révisable selon une formule de variation proposée dans le contrat et utilisant les principaux indices publiés par l'INSEE. Pour couvrir les investissements nécessaires au maintien du patrimoine la collectivité vote chaque année une part du tarif qui lui reviendra (la « surtaxe »). Le fermier est chargé de recouvrir cette part auprès de l'abonné par la facture d'eau et de la restituer à la collectivité dans un délai court fixé par le contrat(entre trois et six mois).

Pourquoi municipaliser l'eau ?

     Une entreprise privée a pour fonction de dégager des bénéfices (le profit est le moteur du capitalisme). Sur votre facture d'eau, une part va donc en bénéfices de la Lyonnaise Des Eaux. Cette marge sert dans, un monde capitaliste financier comme le notre, à rétribuer les actionnaires. L'eau étant indispensable à la vie, vous n'avez pas d'autre choix que d'accepter le principe suivant: une part de mon salaire (que je dépense dans le cadre de ma facture en eau) est reversé aux actionnaires ( ici de la Lyonnaise Des Eaux).

     Pour la plupart d'entre-nous, cela n'est pas acceptable !

     Le principe de la remunicipalisation, par le biais d'une régie par exemple, c'est que du fait de l'absence d'actionnaires et de l'absence de recherche de profits, les marges dégagées ne servent qu'à l'amélioration du réseau (mise aux normes écologiques ou autre),aux investissements, aux infrastructures (ce qui réduit les impôts locaux de manière collatérale). Par ailleurs, on peut donc dire que la notion de développement durable appliqué à la ville implique forcément la remunicipalisation de l'eau!

     Une autre raison à la remunicipalisation est ce qui se passe sur votre facture d'eau. Avez vous observé l'évolution du prix du m3 depuis 2000 ?

        En l'espace de 7 ans, le prix au m3 a augmenté de 23%. La part revenant à la Lyonnaise des eaux à augmenté de 27%, celle de la CUA n'ayant augmenté que de 13%.

      Mais ce qui me pose le plus de question, c'est l'augmentation de 2004 à 2005 de 13% de la part de la Lyonnaise ( passant de 1,19€ à 1.35€ au m3). Sur notre facture, cela ne s'est pas trop vu car la CUA a amorti cette augmentation en baissant sa part de 9% en 2005 (par rapport à 2004) et de 5 % en 2006 (par rapport à 2005). Ce qui a donné l'impression d'une baisse des prix. Incroyable, on nous prend vraiment pour des imbéciles!

            Alors qu'en 2004, sur 100€, la CUA récupérait 47€ (la Lyonnaise des eaux en gardant 51), en 2007, la CUA n'en récupère plus que 38€ ( La Lyonnaise gardant 57€).

     Toutes ces données mis bout à bout m'interroge sur les pratiques de la Communauté Urbaine d'Alençon qui semble favoriser une Multinationale aux dépens de ses concitoyens!

      Aussi, si le PS et Joaquim Pueyo l'emporte, il a l'obligation de remunicipaliser l'eau. Sans cela, il ne sera crédible pour aucun citoyen de gauche !