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Le Blog d'un Communiste Alençonnais
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5 avril 2008

Fernando Pessoa: « Ce que tu fais, fais-le suprêmement »

     Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un livre que j'ai lu récemment: Le Banquier Anarchiste de Fernando Pessoa (Ecrivain portugais, né à Lisbonne le 13 Juin 1888, décédé à Lisbonne le 30 Novembre 1935).

1951      Fernando Pessoa, qui est l'un des rares poète portugais dont la notoriété a franchi les frontières du Portugal, était presque inconnu de son vivant et écrivait sous de multiples identités.

     Pessoa en dehors de son travail poétique mena une vie modeste, effacée et sédentaire, et créa quelques revues éphémères. Il mourut en 1935, laissant derrière lui une malle contenant son oeuvre, et qui depuis n'a cessé d'être inventoriée afin de libérer tous les poèmes, endormis et inconnus, qu'elle contenait.

     En lisant, le Banquier Anarchiste, on a l'impression de suivre un dialogue au sortir de table, entre deux individus. Le banquier anarchiste est une démonstration paradoxale et brillante des doutes qu'avait Pessoa sur la société et la pensée confortable.

     Dans ce récit d'une centaine de pages, Fernando Pessoa donne la parole à un banquier. Celui-ci explique avec force et conviction à un ami dubitatif comment on peut concilier la profession de banquier avec l'idéologie d'anarchiste. Suit une longue dissertation sur la définition de l'anarchisme, son rôle, ses moyens et surtout sa possibilité ou non d'être réalisé. Et si oui, comment.

     C'est ainsi que l'on apprend pourquoi notre homme est devenu banquier et en quoi c'est l'apogée de l'anarchisme. Pessoa s'attache à l'art de convaincre avec peu de choses. Le propos est accessible, compréhensible par tous, alors qu'il se donne par moments des airs de dissertation philosophique.

     On finirait par croire aux explications de ce cher banquier, si une petite voix ne nous disait en permanence "je me fais avoir, il y a un truc là!". Et oui, c'est tout un art de rendre logique des éléments qui ne le sont pas forcément et Pessoa se débrouille plutôt bien. Car il nous laisse cette possibilité de douter de ce que son narrateur raconte, il ne nous écrase pas, ne nous impose rien. Il décortique plutôt un mécanisme efficace de tromperie bien ficelée.

     Ainsi, le banquier explique que sa théorie doit aboutir à « une révolution sociale préparée par un travail intense et continu, d’action directe et indirecte, tendant à disposer tous les esprits à l’avènement de la société libre et à affaiblir jusqu’à l’état comateux toutes les résistances de la bourgeoisie ».

Un texte provocateur qui passa inaperçu lors de sa publication!

     « Ce texte paru en 1922 sous le nom de Pessoa, est un véritable brûlot, aussi explosif, détonant et jubilatoire aujourd'hui que lors de sa publication. Si ce Banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre, cependant, n'est pas là : il s'agit en fait d'un pamphlet incendiaire contre la "société Bourgeoise", ses hypocrisies et ses mensonges. C'est aussi une dénonciation du pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté. Pessoa déploie ici pour sa démonstration, une rhétorique étourdissante alliée à une ironie féroce, révélant ainsi une facette encore peu connue de son génie multiforme. » (présentation de l’éditeur)

     Je retiendrai quelques unes des phrases de textes:

«C'est la liberté de tyranniser, qui est le contraire de la liberté.»

«L'action rapporte toujours plus que la propagande.»

«Celui qui refuse d'engager le combat n'y est pas vaincu. Mais il est vaincu moralement parce qu'il ne s'est pas battu.»

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